Service de Chirurgie Sénologique, Gynécologique, Plastique et Reconstructrice - Paris Professeur Fabrice Lecuru - Institut Curie - Cancers du sein, cancer de l'ovaire, cancer de l'endomètre, cancer du col de l'utérus
  • Cancer de l'ovaire - Organisation de la prise en charge et accès à la recherche clinique

    Les différents types

    Comme tous les cancers, le « cancer de l’endomètre » correspond en réalité à plusieurs maladies très différentes.

    Plusieurs façons de les classer existent et s’associent.
    L’intérêt de classer les différents types de cancers de l’endomètre permet de préciser leur pronostic et de leur proposer un traitement adapté.

    La classification anatomopathologique distingue les formes en fonction de l’aspect du tissu et des cellules.

    On distingue:
    - Les cancers endométrioïdes
    Ils sont les plus fréquents (environ 80% des cancers de l’endomètre). Ils proviennent de lésions pré-cancéreuses, induites par les œstrogènes ou un rapport œstrogènes / progestérone défavorable : les hyperplasies avec atypies. Sous l’effet des œstrogènes, l’endomètre normal peut évoluer vers l’hyperplasie simple, puis l’hyperplasie avec atypies, puis le cancer. On leur attribue un grade selon l’aspect microscopique de la tumeur, représentatif de leur agressivité.

    - Les cancers séreux
    Ils ressemblent aux cancers de l’ovaire. Ils sont agressifs et régulièrement associés à une atteinte du péritoine pelvien, abdominal et des ganglions.
    Ils entrent dans le champ des cancers rares pris en charge par le réseau national des Tumeurs Malignes Rares Gynécologiques (www.ovaire-rare.org).

    - Les cancers à cellules claires
    Ils sont plus rares et entrent dans le champ des cancers rares pris en charge par le réseau national des Tumeurs Malignes Rares Gynécologiques (www.ovaire-rare.org).

    - Les carcino-sarcomes
    On les appelle également Tumeurs Mixtes Mulleriennes. Il s’agit d’une maladie rare, agressive (ils entrent dans le champ des cancers rares pris en charge par le réseau national des Tumeurs Malignes Rares Gynécologiques (www.ovaire-rare.org)). Ils associent une composante carcinomateuse à une composante sarcomateuse.

    - Les cancers mucineux

    - Les cancers épidermoïdes

    - Les cancers mixtes

    - Les cancers indifférenciés

    La classification histogénique

    Elle tient compte de la classification histopathologique et de la biologie moléculaire.

    On distingue
    - - Les cancers de type I
    On retrouve les cancers endométrioïdes et les cancers mucineux.
    Ce sont les cancers les plus fréquents (environ 80% des cancers de l’endomètre). Ils concernent les femmes en pré ou péri-ménopause. Ils sont induits par les œstrogènes. Ils proviennent de la transformation d’un endomètre normal en hyperplasie sans atypie, puis en hyperplasie avec atypies puis en carcinome endométrioïde. Leur grade est généralement bas et ils infiltrent peu le myomètre. Leur pronostic est généralement bon.

    - Les cancers de type II
    On y regroupe les cancers séreux, les cancers à cellules claires et les carcinosarcomes.
    Ils sont plus rares (20% des cas) ne succèdent pas à une lésion pré-cancéreuse comme l’hyperplasie avec atypies, mais à un carcinome intra-épithélial. Ils concernent les femmes ménopausées. Ils sont de grade élevé, infiltrent profondément le myomètre, sont souvent associés à des emboles lympho-vasculaires et des atteintes ganglionnaires. Leur pronostic est moins bon.
    Le profil biologique des cancers de type I et de type II est différent (ce tableau est extrait de l’article de Murali R & al, 2014) : : Cancer de l'endomètre La classification moléculaire.
    Elle provient de l’étude faite dans le cadre du Genome Atlas.
    On distingue quatre types différents : PolE (ultramuté), Microsatellites Instables (hypermuté), nombre de copies bas, nombre de copies élevé (The Cancer Genome Atlas Research Network, Nature 2013). Cancer de l'endomètre Le premier groupe est rare, mais de très bon pronostic.

    Le deuxième groupe correspond aux tumeurs dites « instables » (instabilité des loci microsatellites). Cette particularité biologique correspond à une anomalie de la longueur de séquences d’ADN courtes et répétées dans le génome (microsatellites). Elle est due à la mutation ou l’inactivation d’un gêne intervenant dans la réparation de l’ADN (réparation des mésappariement des bases lors des mitoses) : hMLH1, hMSH2, hMSH6, PMS2. L’un de ces gênes peut être muté, on parle alors de syndrome de Lynch ; ou inactivé (méthylation du promoteur de hMLH1 lié à l’âge). Ces tumeurs répondent aux immunothérapies.
    Le quatrième groupe a très fréquemment une mutation du gêne P53, ce qui rapproche ces tumeurs des cancers de l’ovaire, sur le plan biologique.

    Il existe enfin une classification purement pronostique.
    Elle a été proposée par l’ESMO (European Society of Medical Oncology) en 2008 et a été maintenue depuis. Il s’agit d’une classification pré-thérapeutique qui utilise des données anatomopathologiques (issues de biopsies ou curetages) et radiologiques (issues d’IRM essentiellement).

    Les cancers à bas risque,
    Il s’agit des cancers endométrioïdes de grade 1 ou 2, infiltrant moins de la moitié de l’épaisseur du myomètre et limités à l’utérus.
    Il s’agit des cancers les plus fréquents. Leur pronostic est bon dans la majorité des cas.

    Les cancers à risque intermédiaire,
    Il s’agit des cancers endométrioïdes de grade 3, infiltrant moins de la moitié de l’épaisseur du myomètre ; ou de cancers endométrioïdes de grade 1 ou 2 infiltrant plus de 50% de l’épaisseur du myomètre et limités à l’utérus.

    Les cancers à haut risque,
    On y regroupe les cancers endométrioïdes de grade 3 infiltrant plus de 50% de l’épaisseur du myomètre, les cancers non endométrioïdes (quelle que soit l’infiltration) limités à l’utérus et les cancers s’étendant au-delà de l’utérus.

    Comment le cancer de l’endomètre survient il ?

    Les principaux facteurs de risque du cancer de l’endomètre sont:

    - L’âge.
    Le cancer de l’endomètre est rare avant la ménopause. Les cancers de type II surviennent chez des femmes plus âgées que les cancers de type I.

    - L’hyper-œstrogènie.
    Cela concerne surtout les cancers de type I
    Cet excès d’œstrogènes peut avoir plusieurs causes possibles :
    - L’obésité
    C’est aujourd’hui la cause la plus fréquente d’hyper-œstrogènie endogène. Les androgènes sont transformés en œstrogènes dans le tissu adipeux (graisse). La quantité d’oestrogènes produits est proportionnelle à l’abondance du tissu adipeux.
    La répartition géographique du cancer de l’endomètre se superpose à celle de l’obésité.

    - Le diabète
    Il est souvent associé à l’obésité, mais constitue un facteur de risque à part entière.
    - L’hypertension artérielle
    Elle est également associée à l’obésité.
    - Les apports exogènes d’œstrogènes
    Le traitement hormonal de la ménopause ne comprenant pas de progestatif a été une cause importante dans les années 60. Cependant ce type de schéma n’est plus utilisé depuis plus de 40 ans.
    Le tamoxifene, prescrit dans le traitement du cancer du sein, a également été incriminé. Le risque est cependant faible en valeur absolue. Mais tout saignement survenant chez une femme traitée par du tamoxifene ou ayant été traitée doit être exploré.
    - Le syndrome des ovaires polykystiques
    - L’alcoolisme est également un facteur favorisant, par une hyper-œstrogènie induite.

    - L’hérédité.
    La principale prédisposition héréditaire au cancer de l’endomètre est le syndrome de Lynch (cf onglet spécifique).
    Le syndrome de Cowden, dû à la mutation du gêne codant pour la protéine PTEN est une cause plus rare de cancer de l’endomètre héréditaire.

    On cite également l’antécédent de radiothérapie pelvienne.

    Les facteurs de risque marqué d’un * sont ceux sur lesquels il est possible d’agir pour limiter le risque individuel ou collectif de développer un cancer de l’endomètre.
    On peut également agir sur ces facteurs après le traitement pour limiter le risque de récidive.

    Les symptômes du cancer de l’endomètre

    Il n’existe pas de dépistage efficace du cancer de l’endomètre. Cette maladie est donc diagnostiquée devant l’apparition de symptômes.

    Le symptôme principal du cancer de l’endomètre est l’apparition de saignements d’origine utérine.
    - Ces saignements surviennent le plus souvent après la ménopause
    - Mais la persistance de saignements anormaux (règles trop abondantes ou trop fréquentes) avant la ménopause doivent également faire rechercher ce cancer.
    Les saignements peuvent être minimes, voire presque absents, notamment chez les femmes dont le col est peu perméable (âge, antécédent de conisation).

    On observe plus rarement un écoulement de pus ou de liquide clair.
    Les stades avancés peuvent être associés à des douleurs pelviennes ou abdominales.

    Le diagnostic

    La première consultation est un temps important.

    Elle permet d’orienter le diagnostic en confirmant l’origine endo-utérine des saignements, prépare ou réalise le prélèvement qui confirmera le diagnostic et analyse l’état général de la patiente.

    Il est important de faire le bilan de l’état général, avec
    - L’âge
    o et recherche de fragilité + / - consultation d’onco-gériatrie
    o ou inversement discussion d’une préservation de la fertilité dans les rares cas survenant chez des femmes jeunes
    - La recherche d’une obésité, l’évaluation de sa sévérité, la vérification (ou l’organisation) de sa prise en charge
    - La recherche d’une hypertension artérielle et d’un diabète, l’évaluation de sa sévérité, la vérification (ou l’organisation) de sa prise en charge
    - La recherche d’autres pathologies associées
    - L’identification d’interventions abdominales ou pelviennes précédentes
    - La recherche d’antécédents personnels et familiaux pouvant faire évoquer un syndrome de Lynch (cf onglet spécifique)

    L’examen clinique est important puisque vérifiant que le saignement est bien d’origine utérine, en éliminant les saignements provenant du col utérin, du vagin ou de la vulve.
    Il est possible de réaliser un prélèvement d’endomètre (biopsie d’endomètre) à l’aide d’une petite canule, en consultation.

    L’examen gynécologique vérifie que la tumeur est « cliniquement » limitée au corps utérin (situation la plus fréquente).
    L’examen abdominal vérifie l’absence d’extension du cancer.

    Il faut également vérifier (ou demander) la réalisation d’une mammographie et d’un frottis cervical de dépistage si l’âge de la patiente la place dans la population cible du dépistage.
    On demande également d’arrêter un éventuel traitement hormonal.

    Il est important que cette première consultation soit réalisée par un praticien connaissant la pathologie afin de recueillir d’emblée toutes les informations importantes et prescrire d’emblée le bon bilan.

    Sauf anomalie extra-utérine constatée par l’examen clinique, le seul examen complémentaire à réaliser est une échographie pelvienne.

    Il s’agit ici d’un examen de triage pour distinguer les femmes ayant un faible risque d’avoir une pathologie de celles devant être explorées plus avant.

    On lui demande de mesurer l’épaisseur de l’endomètre.

    Le risque de diagnostiquer secondairement une pathologie endométriale ou de la cavité utérine est corrélé à cette épaisseur.
    Chez les femmes non ménopausées, cette épaisseur doit être inférieure à 8mm en première partie de cycle et à 10mm en deuxième partie.
    Chez les femmes non ménopausées, sans traitement hormonal, l’épaisseur ne doit pas dépasser 6mm.

    Si l’épaisseur est inférieure au seuil, le risque de pathologie est faible. Le saignement est probablement dû à une atrophie de l’endomètre (muqueuse trop fine).

    Si l’épaisseur est supérieure au seuil, il existe probablement une pathologie de l’endomètre ou de la cavité utérine et il faut envisager un examen de deuxième intention : hystéroscopie diagnostique et biopsie d’endomètre. Il est utile de rappeler que chez les femmes ménopausées, sans traitement hormonal, le risque de diagnostiquer un cancer de l’endomètre suite à des saignements est inférieur à 10%.

    Les autres examens ne sont logiquement demandés que dans un deuxième temps, même si souvent la forte probabilité du diagnostic de cancer de l’endomètre fait anticiper leur prescription.

    - L’hystéroscopie diagnostique. Cet examen consiste en l’introduction d’un optique de faible diamètre (généralement 3mm) dans la cavité utérine, en suivant le canal du col utérin.
    L’hystéroscopie diagnostique peut être effectuée en consultation le plus souvent (avec une préparation médicamenteuse du col utérin pour en faciliter la perméabilité). Sinon, elle est effectuée sous anesthésie lors d’une hospitalisation ambulatoire, notamment lorsque le col est peu perméable.
    On peut ainsi observer le contenu de la cavité et identifier un polype, un fibrome, une végétation suspecte.
    Enfin l’hystéroscopie guide la réalisation de la biopsie endométriale.

    - Un prélèvement de tissu (biopsie)
    Le plus souvent il s’agit d’une biopsie d’endomètre effectuée lors de la consultation initiale ou au décours immédiat de l’hystéroscopie.
    Plus rarement on effectue un curetage.

    Ce prélèvement
    - donne le diagnostic : adénocarcinome endométrial ;
    - et fournit tous les renseignements importants pour décider du bilan nécessaire et du début du traitement : type histologique, grade le cas échéant.
    La qualité de ce diagnostic est importante car elle conditionne tout le début de la prise en charge.

    Le bilan
    Dans la majorité des cas, la maladie se présente sous la forme d’un adénocarcinome endométrioïde, cliniquement limité à l’utérus.

    Un seul examen est nécessaire, une IRM pelvienne et abdominale.
    Elle fournit de nombreux renseignements :
    - confirmation que la tumeur est limitée au corps utérin
    - profondeur d’invasion du myomètre
    - aspect des territoires ganglionnaires importants dans le cancer de l’endomètre (pelvis, aortico-cave)

    En fonction du grade obtenu par la biopsie endométriale et de la profondeur d’invasion du myomètre donnée par l’IRM, on commencera la prise en charge par
    - une hystérectomie totale non conservatrice avec prélèvement de ganglions sentinelles
    - ou une hystérectomie totale non conservatrice avec curage ganglionnaire pelvien et aortico-cave
    - ces interventions sont le plus souvent réalisées par coelioscopie ou coelioscopie robot-assistée. Plus rarement une laparotomie (ouverture classique de l’abdomen) peut être utilisée, en raison de certains paramètres (taille de l’utérus, pathologies médicales associées, adhérences abdominales, etc.).

    Dans les cas plus rares ou l’on diagnostique un cancer séreux, ou en cas d’extension abdominale clinique ou sur l’IRM par exemple, on utilisera également un scanner thoraco-abdomino-pelvien et un dosage de marqueur CA 125.

    On cherche ainsi (ou l’on fait le bilan) d’une extension abdominale associée.
    Le traitement sera alors différent, pouvant commencer par une intervention (hystérectomie totale non conservatrice, omentectomie (ablation de l’épiploon, tablier graisseux suspendu à l’estomac et au colon transverse), des curages pelviens et aortico-caves, appendicectomie, etc.). Ces interventions sont du même type que celles effectuées pour les cancers de l’ovaire (cf onglet spécifique).

    Le traitement peut également commencer par une chimiothérapie, possiblement suivie d’une intervention.

    On comprend l’importance du bilan initial. Il est nécessaire de connaître dès le début les caractéristiques histologiques précises de la tumeur et son extension clinique et en imagerie.
    Il est également important de connaître l’état général et les pathologies associées (co-morbidité) car ils peuvent modifier la prise en charge en faisant préférer une chimiothérapie à une intervention lourde avec un risque péri-opératoire important.

    Hystérectomie. C’est l’ablation de l’utérus. Dans le cas du cancer de l’endomètre, elle dite totale (car enlevant le col) et non conservatrice (car enlevant les ovaires et les trompes).
    Elle permet l’ablation de la tumeur (qui est à l’intérieur de l’utérus) avec une marge de sécurité par rapport aux tissus restants.
    Elle doit respecter les règles de la chirurgie oncologique : pas de manipulateur utérin pendant l’intervention, pas de morcellement de l’utérus, etc.

    Coelioscopie. L’intervention est effectuée avec de petits instruments (5mm en général) passés par des trocarts au-dessus du pubis. Le chirurgien voit à l’intérieur du ventre grâce à une optique couplée à une caméra.
    Ces interventions se font obligatoirement sous anesthésie générale et nécessitent de « gonfler » le ventre avec du CO2 pour éloigner l’intestin de l’utérus.
    Les interventions effectuées par coelioscopie durent plus longtemps que les interventions effectuées par laparotomie, mais sont associées à moins de complications pendant et après l’intervention. La durée d’hospitalisation et la convalescence sont également plus courtes après coelioscopie. Enfin, la survie est comparable après coelioscopie ou laparotomie. Ces données ont été validées par des essais cliniques randomisés dans les années 1990 et au début des années 2000.

    Coelioscopie robot-assistée. Il s’agit en fait d’une coelioscopie améliorée. L’opérateur est assis à une console qui lui fournit une vision en 3 dimensions de Haute Définition. Les instruments ne sont pas tenus directement par la main du chirurgien, mais manipulés grâce à des commandes ultraprécises.
    Le robot améliore la précision et la qualité des interventions complexes, notamment chez les patients obèses.

    Ganglion sentinelle. Le prélèvement de ganglions fait partie du bilan chirurgical et anatomopathologiques de la plupart des cancers. Cela permet d’estimer le pronostic et de décider des traitements. Jusqu’à récemment ce prélèvement ganglionnaire était fait par un curage qui prélevait un grand nombre de ganglions.

    La technique du ganglion sentinelle consiste à ne prélever que le(s) premier(s) ganglions qui drainent une tumeur.

    Cette technique a l’avantage d’être moins agressive sur le plan chirurgical, avec notamment moins de complications (saignements en cours d’intervention, plaies nerveuses ou urinaires, grosse jambe : lymphœdème ; poches de lymphe : lymphocèles).
    Elle permet également de trouver dans ganglions en dehors des zone classiques des curages.
    Enfin ce petit nombre de ganglion peut être analysé beaucoup plus précisément (ultrastadification) amenant au diagnostic de micrométastases ganglionnaires ou de cellules tumorales isolées dans les ganglions.
    On dispose donc d’une information supplémentaire et de meilleure qualité qu’avec les curages, avec moins de complications.

    Techniquement, on injecte en début d’intervention un produit fluorescent dans le col utérin et on détecte (et prélève) les premiers ganglions fluorescents. (les produits utilisés au début des années 2000 comme le Bleu Patenté ou les isotopes son rarement utilisés aujourd’hui)

    Le principe parait simple, mais pour être efficace et fiable (prélever les bons ganglions), cette technique nécessite un apprentissage minimal.

    Cette technique est validée par des études cliniques ayant une bonne méthodologie pour les cancers du sein et les cancers de la vulve.
    Elle est encore considérée comme une option dans les cancers de l’endomètre et les cancers du col utérin (un essai clinique international de validation est en cours : SENTICOL III).

    Les traitements
    Pour les maladies limitées au corps utérin, cliniquement et radiologiquement, le traitement débute le plus souvent par l’intervention chirurgicale (hystérectomie et le prélèvement ganglionnaire).
    L’examen anatomopathologique permet alors de classer la maladie selon 4 groupes de risque :
    - risque faible
    - risque intermédiaire – bas
    - risque intermédiaire – haut
    - risque élevé
    En fonction du groupe de risque, de la patiente, un traitement personnalisé sera proposé à l’issu d’une réunion : la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
    On peut ainsi proposer une surveillance simple, une Curiethérapie vaginale, une radiothérapie avec Curiethérapie, une radio-chimiothérapie + chimiothérapie, une chimiothérapie, etc.

    Pour les maladies étendues à l’abdomen, les traitements utiliseront la chimiothérapie, la chirurgie, la radiothérapie, selon une séquence adaptée au type histologique de la maladie, son extension et la patiente.

    Les recommandations de traitement suivent généralement celles proposées par l’ESMO (European Society of Medical Oncology), les recommandations françaises (SFOG – INCa, Société Française d’Oncologie Gynécologique) ainsi que les recommandations locales (référentiel de L’institut Curie).
    Le dépistage du syndrome de Lynch, par l’étude immuno-histo-chimique des protéines MMR (mismatch repair) est fait dans la plupart des cas. Cela permet d’identifier des pateintes à risque de présenter ce syndrome ; et d’identifier les tumeurs dites « instables » qui peuvent bénéficier d’une immunothérapie dans certaines circonstances.
    Dans tous les cas, la prise en charge de l’obésité, du diabète, de l’hypertension artérielle, des autres pathologies, font également partie du projet de soin.

    Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) : chaque cas étant particulier, le dossier de chaque malade est discuté lors d’une réunion ou sont présents anatomopathologistes, chirurgiens, onco-gériatres, oncologues médicaux, radiothérapeutes, radiologues, etc. afin d’établir un projet thérapeutique adapté.

    Surveillance
    La surveillance repose sur l’examen clinique et se fera de manière alternée par les médecins intervenant dans la prise en charge de la maladie (chirurgien, oncologue, radiothérapeute).

    Les malades classées dans le groupe à faible risque, bénéficient d’examens cliniques simples.
    - En dehors de la présence de symptômes, il n’y a pas d’indication à faire des examens complémentaires (imagerie, marqeurs)
    - la prise en charge de l’obésité, du diabète, de l’hypertension artérielle, des autres pathologies, ne doivent pas être oubliées
    - l’évaluation des fonctions urinaires et digestive, ainsi que la sexualité doivent également être abordées et bénéficier le cas échéant d’une prise en charge adaptée.

    Le suivi se complexifie à mesure que l’on appartient à un groupe de risque plus élevé. On peut alors associer des examens d’imagerie ou des marqueurs, en fonction de la maladie initiale et des traitements effectués.

    Syndrome de Lynch
    Le syndrome de Lynch est une affection génétique, appelée aussi syndrome HNPCC (Hereditary Non-Polyposis Colorectal Cancer ou Cancer colorectal héréditaire sans polypose).

    Il est dû à la mutation d’un des quatre gênes hMLH1, hMSH2, hMSH6 ou PMS2, qui assurent en temps normal le diagnostic et la réparation des mésappariements de l’ADN lors de sa réplication.

    Cette mutation est transmise dans la famille selon un mode autosomique dominant.
    - Autosomique : la transmission n’est pas liée au sexe. Les femmes et les hommes peuvent être porteurs et transmetteurs.
    - Le risque de transmission est de 50%
    - Dominant : le fait d’hériter de la mutation fait que l’on est exposé.

    Cette prédisposition conduit à une augmentation du risque de développer des cancers, au premier rang desquels le cancer colorectal sans polypose (Human nonpolyposis colorectal cancer [HNPCC]), le cancer de l’endomètre chez les femmes, et dans une moindre mesure, le cancer de l’ovaire, de l’intestin grêle, de l’estomac, des voies excrétrices urinaires et hépatobiliaires. Ainsi, le risque cumulé de développer un cancer colorectal ou de l’endomètre à l’âge de 80ans s’élève respectivement à 20 et 40 %.

    Le syndrome de Lynch doit être suspecté clinique lorsque l’on constate :
    - Au moins trois apparentés avec un cancer du spectre restreint
    - L’un est apparenté au premier degré avec l’un des deux autres
    - Au moins deux générations atteintes
    - Au moins un cancer diagnostiqué avant l’âge de 50 ans
    - Une polypose adénomateuse familiale est exclue
    - Les tumeurs doivent être vérifiées
    Ces critères sont définis sous le nom de critères d’Amsterdam 2.

    Ce syndrome doit également être systématiquement recherché en cas de cancer de l’endomètre survenant avant l’âge de 50 ans ou quel que soit l’âge si un apparenté au premier degré a été atteint d’un cancer colorectal ou d’un cancer du spectre LYNCH.
    Les laboratoires d’anatomopathologie effectuent en routine la recherche de ce syndrome par un test immuno-histo-chimique qui évalue l’expression des protéines codées par ces gènes.
    En cas de test positif, en cas d’arbre généalogique évocateur, une consultation d’onco-génétique est nécessaire ainsi qu’une confirmation de l’anomalie par une recherche de mutation en biologie moléculaire.

    L’identification précoce des sujets porteurs de la mutation est importante car :
    - Elle permet un dépistage ou une prévention des autres cancers
    - Elle permet de diagnostiquer les apparentés atteints et de leur proposer un dépistage ou une prévention des principaux cancers.

    Les personnes touchées par ce syndrome doivent donc bénéficier d’une surveillance et d’un suivi spécifique et régulier.
    Les recommandations actuelles préconisent la surveillance suivante :
    - Réalisation d’une coloscopie tous les deux ans à partir de l’âge de 20 ans.
    - Réalisation d’une fibroscopie oeso-gastro-duodénale lors de la réalisation de la première coloscopie
    - Dépistage gynécologique annuel, comportant un examen clinique, une échographie et un prélèvement endométrial

    Il est également possible de réaliser une hystérectomie totale non conservatrice à partir de l’âge de 40 ans (recommandations INCa 2009). Dans la pratique, ces interventions sont surtout effectuées après 45 ans, car le risque de cancer de l’endomètre avant cet âge est faible ; et parce que les conséquences de l’hystérectomie sont moindres à cet âge. Des propositions différentes peuvent néanmoins êtres faites, en fonction de l’âge de survenue des cancers dans la famille ou des antécédents personnels de la femme. Le dialogue avec l’équipe d’onco-génétique est important.

    Essais en cours
    La participation aux essais thérapeutiques (« protocoles de recherche ») permet aux patientes de bénéficier des innovations thérapeutiques en cours de validation.
    Ces études font l’objet de validations multiples garantissant leur intérêt scientifique et le respect de l’éthique, avant d’être proposées aux patientes.

    Les principaux essais de médicaments ouverts sont les suivants :
    - ROCSAN : ajout de l’immunothérapie et d’un inhibiteur de PARP pour le traitement des récidives de carcinosarcome,
    - UTOLA : utilisation de l’olaparib dans les récidives de cancers de l’endomètre.